Contribution du Comité NPA de Saint-Ouen (93) au prochain CPN sur la question des alliances pour les élections régionales

Publié le par comité NPA Loire Nord

Un « front durable de l'autre gauche » serait-il anticapitaliste?

 

Suite à la déclaration commune avec Melenchon - et malgré les réactions hostiles qu'il y a eu de la part de militants -, lors de la rentrée politique les porte-paroles du NPA ont encore avancé des propos sur la nécessité d'un front durable pouvant inclure le PCF et le Parti de Gauche. Ceci s’inscrit dans le sens du discours de Besancenot lors de la dernière Université d'Eté quand il dit que face à cette «espèce d'union de centre gauche qui va commencer à voir le jour entre ce qui sortira du PS, les Verts d'Europe-Ecologie et le MoDem, plus ce qu'ils pourront grappiller dans la gauche radicale, (…) on propose un vaste rassemblement unitaire mais qui soit sur des bases anticapitalistes ». Alain Krivine précise la forme concrète et les composants d'un tel front quand il affirme que «Le PCF et Jean-Luc Melenchon (Parti de gauche, PG) sont devant un choix : avec le NPA ou avec le PS et le MoDem », en rejoignant ainsi l'idée d'une alliance électorale de ce que le PG appelle « l'autre gauche », en opposition à celle représenté par le PS et Cie.

 

Au-delà de savoir si un tel « front de l'autre gauche » verra le jour ou pas (ce qui ne dépend pas seulement de notre volonté, mais aussi des décisions des autres organisations concernés), la question est de savoir si la politique qui consiste à faire cet appel est juste, c'est-à-dire si un tel front serait réellement anticapitaliste ?

 

Un exercice de mémoire utile

 

Pour y réfléchir, nous proposons un retour en arrière à la période qui a précédé la fondation du NPA, plus précisément à la campagne électorale présidentielle de 2007 et aux discussions qui ont eu lieu dans les « comités du Non au traité européen». A cette époque, la LCR encore existante, a décidé de lancer la candidature de Besancenot (qui a fini par avoir un bon score) sur la base d'une discussion de délimitation entre l'anticapitalisme qu'elle défendait et l'antilibéralisme qui rassemblait une partie des militants des comités unitaires, en argumentant que pour elle il ne s'agissait pas seulement de s'opposer à un modèle précis de capitalisme, en plaidant pour un autre qui serait « plus juste », mais à l'ensemble de ce système, qui se fonde sur le profit et l'exploitation.

 

C’est sur cette base que la LCR a lancé, quelques mois après les élections, l'appel à la construction du NPA, et c’est sur cette base là que des milliers de militants ont rejoint les rangs du NPA. Alors nous nous demandons: en quoi un front avec le PCF et le PG aujourd'hui serait-il moins antilibéral et plus anticapitaliste que celui (avec ce même PCF, Bové et d'autres) qui a été refusé par la LCR en 2007?

 

Quel rapport aux institutions?

 

Toujours à propos des délimitations fondamentales sur lesquelles le NPA s’est fondé, il y avait la question de l'indépendance par rapport aux institutions capitalistes et le refus d'une politique qui consiste à gérer ces institutions. Or où apparaîtrait aujourd'hui cette délimitation claire et précise dans le cadre de ce front que nous voudrions « durable » avec des organisations et des personnalités qui gèrent depuis des décennies des institutions capitalistes ? Cette orientation serait-elle cohérente avec un projet anticapitalisme et d'indépendance à l'égard de ces mêmes institutions?

C’est dans ce sens que nous, militants du comité de Saint Ouen, refusons radicalement une politique qui consiste à revenir en arrière sur les délimitations les plus élémentaires du NPA et qui conduise le parti à une campagne soi-disant anticapitaliste, mais de contenu antilibéral et ambigu par rapport aux institutions capitalistes.

 

Pour un vrai front anticapitaliste des travailleurs

 

Comment exprimer alors dans les élections une politique cohérente avec le projet d'un parti anticapitaliste et révolutionnaire qui défende l'intérêt des travailleurs, et qui aille au-delà des frontières du NPA? Pour nous cela passerait par la recherche d'une alliance avec toutes les organisations effectivement anticapitalistes, indépendantes et défendant les intérêts des travailleurs, à commencer par Lutte Ouvrière.

 

Ensuite le NPA pourrait proposer d'ouvrir ces listes à tous ceux qui ont été les protagonistes des principales luttes des travailleurs pendant les derniers mois (ou qui le sont encore aujourd'hui) et qui seraient d'accord pour défendre un programme anticapitaliste afin que ce soient les patrons qui paient leur crise, et qu'ils puissent utiliser la tribune des élections pour diffuser leurs luttes et la nécessité de l'unité des travailleurs face à la crise.

 

Des ouvriers de Continental, Molex, Toyota, des travailleurs de EDF-GDF comme têtes de listes: voilà une campagne capable à la fois d'enthousiasmer les propres rangs du NPA et à la fois de présenter une vraie alternative politique pour les travailleurs et la jeunesse!

 

Et au delà des élections...

 

Mais dans aucun cas cette politique pour les élections régionales doit être déconnectée de notre politique quotidienne, qui doit être celle de la défense la plus acharnée des travailleurs et de leurs luttes. C’est dans ce sens que nous voulons soumettre à la discussion du CPN deux propositions de campagne à lancer de façon immédiate:

 

-Une en défense des travailleurs condamnés de Continental, car nous entendons, comme l'a dit Xavier Mathieu, que leur condamnation à plusieurs mois de prison avec sursis est une attaque à l'ensemble de la classe ouvrière et une mesure qui vise à faire de ces camarades un exemple pour décourager d'autres travailleurs à lutter contre les licenciements. Cela pourrait passer par la convocation d'un rassemblement en leur soutien ou bien de proposer que ce soit un des axes principaux de celui du 17 septembre prochain.

 

-Et la deuxième en solidarité avec les ouvriers de Molex qui continuent de mener une lutte exemplaire contre la fermeture du site de Villemur-sur-Tarn, qui dépasse la lutte pour des indemnités de départ, en revendiquant le maintien de l'outil de travail. Ces camarades se trouvent aujourd'hui dans la rue, sans avoir encore touché leur paie du mois d'août, et dans ce sens, sous réserve de leur accord, on pourrait organiser partout où le NPA est implanté une campagne financière de soutien, en allant devant les boites et dans les gares pour faire des collectes (en rejoignant celles qu'ils font déjà dans la région) et diffuser leur lutte.

Publié dans Débats NPA

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