LA REFORME DE L’ENSEIGNEMENT : UNE DESTRUCTION DU SYSTEME EDUCATIF

La réforme de l’enseignement porte avant tout sur la question de la formation initiale des
enseignants et sur la fermeture des IUFM qui en découle en 2010.
Cette réforme est basée sur trois aphorismes. Le premier « quand on sait, on sait
enseigner » remet en question la transposition didactique définie par le pédagogue Philippe
MEIRIEU en ce sens qu’il ne tient pas compte du fait que le savoir savant n’est pas le savoir
scolaire.
Le deuxième aphorisme « c’est en forgeant qu’on devient forgeron » propage l’idée qu’on
peut devenir enseignant en se formant sur le tas. Pourtant, alors que le compagnon jadis
avait un maître, pourquoi l’enseignant serait-il capable d’apprendre seul son métier devant
les élèves ?
Le troisième aphorisme concerne l’adaptabilité voulue des fonctionnaires. Dans la mesure
où un enseignant ne le sera peut être plus dans une vingtaine d’années, pourquoi investir
dans la formation initiale ?
Ainsi, la réforme s’appuie sur plusieurs situations concrètes et en premier lieu la
masterisation, décidée lors du processus de Bologne, pour favoriser la mobilité
géographique des enseignants en Europe. Toutefois, ce nivellement du recrutement à
BAC+5 rencontre deux blocages.
D’abord, le rejet par l’université qui ne souhaite pas prendre en charge la formation des
enseignants et préfère se consacrer à son métier : la Recherche.
Ensuite, le rejet par les enseignants-chercheurs eux-mêmes à qui le ministre de
l’Enseignement supérieur Valérie PECRESSE voudrait confier la prise en charge des
masters.
Une deuxième situation concrète est celle du remplacement progressif de l’école maternelle
par les jardins d’enfants – payants – qui rencontre cette fois deux oppositions.
Celle des professeurs des écoles et des RASED qui s’opposent à la privatisation de
l’enseignement et donc à l’élitisme d’une part.
Celle des psychologues qui estiment que l’enjeu de formation repose sur les enfants âgés
de trois à six ans et donc sur l’enseignement préélémentaire d’autre part.
La troisième situation concrète concerne le socle commun des connaissances et le retour
du disciplinaire qu’il induit, au détriment de l’enseignement transversal (éducation civique,
développement durable…) pourtant seul capable de permettre la compréhension du monde.
Cela a d’ailleurs été rappelé récemment par l’historien Edgard MORIN « la société est de
plus en plus complexe, on ne peut résoudre ses problèmes par un cadre strictement
disciplinaire » et l’astrophysicien Hubert REEVES « il faut décloisonner le champ des
disciplines ».
Finalement, la réforme de l’enseignement voulue par le ministre de l’Education nationale
Xavier DARCOS opère un changement important : le savoir prend la place de l’élève au
centre de l’école. Cette réforme s’inscrit dans un contexte, celui de la contre-révolution
copernicienne, ce qui peut paraître surprenant quand on sait que la mission de l’enseignant
est de former des élèves et non des savoirs (sic).
Ceci s’explique par le fait que la classe dirigeante actuelle est opposée à l’idée de
démocratisation et de massification de l’enseignement. Elle est pour la ségrégation sociale
et le maintien des élites et conduit, par la réforme qu’elle a engagée, à la destruction du
système éducatif.


 Gaëtan
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