Que faut-il améliorer ? Par Samy

Publié le par comité NPA Loire Nord

Que faut-il améliorer ?


 

Dans le débat de bilan qui s’amorce, il y deux niveaux de discussion. Celui de l’appréciation globale de nos résultats, celui de la conduite de la campagne. Sur le premier plan, je fais partie de ceux qui considèrent que nous nous sommes dotés, dans l’élection la plus difficile pour nous, d’une base très solide pour l’avenir. L’analyse du détail des résultats le confirme amplement (par exemple nous dépassons les 5% dans 16 régions sur 22 ; nous avons des scores parfois étonnants dans certains départements, et certains bureaux ; surtout il commence à y avoir une vraie liaison entre l’implantation des comités comme le travail effectué et les résultats obtenus). Je n’y reviens pas ici, même si je sais que tout le monde n’est pas d’accord avec ces arguments.

Il reste à voir ce qui devra être amélioré, et donc à juger de ce qui aurait pu être autrement dans la campagne. Je cite pour mémoire l’inadaptation parfois de notre matériel (c’est vrai à l’échelle nationale comme locale), les livraisons tardives, etc. Jeunesse du parti, faiblesse de nos moyens, ceci devrait trouver à s’améliorer progressivement. Je me concentre sur quelques autres points.

 

Nous sommes entrés trop tardivement en campagne

A ceci trois raisons. La première est le télescopage avec nos tâches de fondation d’un parti naissant. Difficile à éviter. La deuxième, plus fondamentale, est que nous sommes restés pour l’essentiel sur le plan des mobilisations sociales (à la fois par l’activité de nos militants et celle de parti) au moins jusqu’au début mai. Aucune critique de ceci de ma part : c’était cohérent avec nos engagements, tant que ces mobilisations étaient en cours (par exemple dans les universités, contre les licenciements) et que les dés n’étaient pas définitivement jetés. Mais à voir combien la mobilisation du npa a été efficace dans les deux dernières semaines, on peut regretter un petit retard à l’allumage dans le parti en général au début mai, même si on peut aisément le comprendre.

 

Nous sommes restés trop passifs pour porter nos propositions unitaires

Cela a déjà été souligné par plusieurs contributions. Notre congrès a posé tardivement (et c’était inévitable) notre proposition, mais pour l’avenir il faut y porter attention. Cela pose un problème de « publics » qui va se perpétuer. Le plus grand nombre est assez loin de ces questions, et mobiliser un électorat potentiel chez les abstentionnistes avait peu à voir avec cette question. Ça reste vrai pour l’avenir. Mais dans un public militant, beaucoup plus restreint, cette question était bien présente. Or on a pu découvrir dans les derniers jours que notre position n’était parfois (souvent !) même pas connue. Et que, connue, elle pouvait convaincre.

 

La question écologique est restée trop marginale

Avec cette affirmation, on commence à toucher des questions plus fondamentales. En toute sincérité, je ne crois pas qu’en s’y prenant mieux sur ce plan ça aurait pu avoir un effet électoral (de ce point de vue les deux premières limites sont plus importantes). Mais il s’agit d’une image globale du parti, fondamentale pour les années à venir. Sans surestimer les sondages, CSA indique que dans le vote ouvrier, 13% a voté Europe.Écologie (9% pour nous). Bien sûr c’est dans un électorat très réduit (pour cause d’abstention ouvrière), mais à noter. Au delà de la seule question électorale, il s’agit pour nous de montrer l’intrication des questions écologiques et sociales, de l’anticapitalisme et de l’antiproductivisme. Travail de fond, que nous sommes les seuls pour le coup à porter (avec les Alternatifs et quelques antilibéraux, mais pas le PC, ce qui est un problème dans des propositions d’alliance).

 

Trop syndicaliste pas assez parti?

Cette question, qui revient souvent, est une des plus importantes. Mais encore faut-il la poser dans les bons termes, ce qui n’est pas toujours le cas à mes yeux. Dans cette campagne, nous sommes les seuls à être restés calés sur la question de la sortie anticapitaliste de la crise. Rendre concrets les éléments de réponse (salaires, services publics, licenciements, sans papiers) fait ressembler à un programme syndical ? Bien sûr, mais il faut le revendiquer, pas le critiquer. Abandonner ce terrain, c’est abandonner ce qui fait notre combat quotidien. Dans les débats du mouvement ouvrier, la séparation théorique des programmes « syndicaux » et « politiques », c’est la base de la pensée social-démocrate. On a pas réussi à convaincre suffisamment de ceux pour qui on se bat de venir voter pour nous ? Sans doute. Mais ceux qui sont venus, ils l’ont fait pour cette image, et non à cause d’elle.

Le problème est ailleurs, dans la liaison entre ce niveau, indispensable, et celui, plus lointain, de la sortie du capitalisme. Un des éléments du soutien qui nous est apporté est concentré dans notre dernière affiche, « riposter utile ». Là encore, ce n’est pas faux (qu’on imagine l’impact sur les luttes elles-mêmes d’un score beaucoup plus important pour le npa), et je suis contre tout abandon de notre caractère de « protestation », donc de rejet du système, même trop global et un peu flou aux yeux des travailleurs. Mais il faut y ajouter un ou deux thèmes centrés sur les moyens d’y parvenir. Ce qui fait notre force dans des scrutins municipaux par exemple, c’est notre capacité à lier certains de ces thèmes (sur les transports, le logement, etc…) à la dénonciation plus globale. Il faut pour chaque campagne un choix précis sur lequel construire une partie du discours. Ce n’est jamais simple à trouver. Mais (c’est un exemple) on aurait pu concentrer le tir sur les banques : fin de l’indépendance de la BCE, fric donné aux banques en cadeau, expropriations, banque unique, contrôle social. On aurait pu aussi se concentrer sur une loi d’interdiction des licenciements (que nous n’avons pas rédigée, mais qu’il faudrait justement avoir). Et, pourquoi pas, lier les deux, ce qui aurait donné une certaine cohérence. C’est une question majeure à creuser, me semble t-il.

 

 

Samy

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article