Lettre de Raoul aux militants NPA
Ci-après donc le texte adressé aux médias:
Le NPA et lunité à la gauche du PS
Il sest beaucoup dit et écrit que le NPA, demblée, avait décidé daller seul aux élections européennes. Et cette affirmation toute gratuite sest souvent accompagnée de propos polémiques et de qualificatifs peu amènes. Nous ne nous placerons pas à ce niveau.
Lopinion publique est en droit de connaître la réalité de notre démarche. Une démarche qui sappuie sur lobservation des pratiques des uns et des autres, hier comme aujourdhui. Nous sommes plongés dans une crise globale et historique du capitalisme. Nous sommes confrontés à un pouvoir, celui de Nicolas Sarkozy et de Laurence Parisot, toujours aussi déterminés à faire payer aux mêmes, les classes populaires, la facture dune crise qui nest pas la leur.
Hier, nous avons enregistré le bilan catastrophique de la dernière présence du PS au gouvernement, une participation dont le PCF et les Verts partagent la responsabilité : davantage de privatisations que sous les deux gouvernements de droite précédents, participation à des décisions européennes qui ont eu des conséquences catastrophiques sur les services publics (transports, énergie, poste, éducation, santé), sur la déréglementation financière, sur le droit du travail. Aujourdhui, nous observons que dans beaucoup de régions co-gérées par ces mêmes partenaires, le primat de la gestion publique cède le pas aux partenariats publics-privés, aux concessions privées (pour la distribution de leau, par ex.). Nous estimons donc légitime de réclamer de partenaires éventuels le refus de toute collaboration avec le PS qui gère le capitalisme.
Au moment où il se crée, le NPA veut rompre avec la trop longue succession des lendemains qui déchantent et des victoires électorales qui se terminent en échecs politiques, sociaux et écologiques. Créer les conditions dune unité qui permettent de ne plus décevoir, telle est notre préoccupation. Elle impose de sinterdire des « coups électoraux » porteurs dillusions mais sans effets sur la réalité dun système qui exploite les humains et la planète. Elle oblige à sortir de lambiguïté et de laléatoire.
Pour ces raisons, les congressistes du NPA ont choisi un cadre pour des négociations. Il précise lunité que nous voulons construire avec dautres. Un rassemblement durable dans les luttes et dans les élections.
Une unité sur un contenu réel qui développe les raisons toujours actuelles à lorigine de notre refus du traité constitutionnel européen, qui couvre à la fois les questions sociales et écologiques, tout comme les questions démocratiques. L'unité doit porter un projet anticapitaliste au contenu précis en rupture avec le système.
Une unité qui doit se retrouver sur le terrain, dans les luttes sociales et écologiques, contre la casse sociale, contre le démantèlement du droit du travail et des services publics, contre le productivisme, la marchandisation du vivant, pour la sortie du nucléaire. La démarche électorale seule ne pourra résoudre la crise du capitalisme exploiteur et productiviste.
Une unité qui ne soit pas un cartel électoral sans lendemain, mais qui sinscrive comme un instrument durable pour les luttes des travailleurs. Une unité qui ne se limite pas aux élections européennes, mais s'étende aux élections qui suivent, toujours dans lindépendance vis-à-vis du PS. La crise et Sarkozy seront, hélas, encore là au lendemain du scrutin européen.
Cette conception de lunité a été adoptée lors de notre congrès. Nous lavons présentée à tous les partenaires potentiels, depuis le PCF jusquaux Objecteurs de Croissance, en passant par le Parti de Gauche, la Fédération et les Alternatifs.
Nos premiers contacts avec le PG du sénateur Mélenchon avaient été très prometteurs ainsi quen témoigne le compte-rendu commun rendu public. Mais ils nont pas eu de suite, le PCF ayant exigé que les contacts ultérieurs se fassent de manière tripartite. Une exigence acceptée par le PG. Ce qui a compromis les chances dun accord, les divergences avec le PCF sur le contenu comme sur la durée de lunité étant abyssales.
Nous avons rencontré la Fédération, qui nous a reproché notre refus de signer un chèque en blanc avec le cartel PCF-PG. Alors queux-mêmes nont pas obtenu du PCF de pouvoir le rencontrer !
Le Parti Pour la Décroissance et le Mouvement des Objecteurs de Croissance ont affirmé ne pas être intéressés par les élections, mais souhaiter poursuivre le dialogue sur des questions de fond.
Avec les Alternatifs, nous avons enregistré de très nombreuses convergences. Mais leurs militants ont préféré, faute dunité plus large, ne pas participer aux élections, même si 41% dentre eux étaient favorables à un accord avec le NPA.
Si « une occasion historique a été manquée », ce nest pas notre fait. Le « Front de gauche » nest quun tête à tête entre deux partis : le PCF et le parti de Gauche. Ce qui marque léchec dun rassemblement sans contenu et sans clarté stratégique.
Nous regrettons cet échec avec des interlocuteurs qui ne sont pas des adversaires et qui pouvaient devenir des partenaires dans le cadre dun accord précis sur son contenu et sur sa durée. Personne ne peut faire grief au NPA dêtre ferme sur les principes et les stratégies, tout particulièrement en ces temps où la confusion des idées domine, où on entend de la bouche des mêmes le contraire de quils disaient il y a à peine un an.